Je sais que j'aborde une page très délicate. Certains
m'ont appelé ou m'ont rencontré depuis mon interview
dans le canard local "Le Journal du Pays Yonnais". Ils auraient
aimé que je sois plus clair et que sans doute je parle de sujets
qui font la une, dans tous les milieux, et qui ont un rapport avec
des déviances. Personnellement, je n'ai été ni
le témoin, ni le confident de quoi que ce soit en ce domaine.
Mon propos se limite à ce que j'ai subi à l'âge
clé de l'adolescence. Pour rester suffisamment général
- et depuis que je sais que certains anciens sont devenus psychiatres
ou psychanalyste, je vais me cacher, en bon petit séminariste,
derrière un prêtre analyste. Je laisse la parole à
Drewermann : "A écouter les récits de certains
clercs, on constate qu'ils ont tous vécu leur éveil
pubertaire à la sexualité comme une catastrophe morale
à laquelle ils n'auraient jamais dû consentir et qu'il
leur fallait désormais empêcher à tout prix de
se reproduire. " [..] Ils en ont ressenti un intense sentiment
de culpabilité avant même de savoir ce qu'on entendait
au juste par des mots comme onanisme ou masturbation. [..] Plus on
acceptait la théologie morale catholique que l'on avait sévèrement
enseignée jusqu'à Vatican II, plus on se trouvait nécessairement
sans force et désespéré dès qu'on se sentait
chassé du paradis de l'innocence.(Page 482).
J'ai envie de faire écho aux phrases de Drewermann en vous
scannant plusieurs pages du livre "pour mieux confesser"
qui appartenait au Père Bourdeau. Je l'ai sauvé d'une
benne de papiers à la communauté Emmaüs des Essarts.
Personnellement, je trouve qu'il est intéressant de savoir
"d'où nous venons". J'ai choisi les pages concernant
les relations entre époux et celles concernant l'onanisme.
Je vous préviens c'est tragique et comique. Les mécréants
sont déjà au courant et je vais apporter de l'eau à
leur moulin. Mais, moi le bon petit séminariste je ne savais
pas que c'en était à ce point, et je comprends que les
autorités soient si lentes à évoluer, quand on
a un tel passé.
Changement de registre : passons quand même aux choses qui
fâchent.
Je me permets en écho à ce qui précède
de citer le court témoignage d'un ancien de plusieurs séminaires
qui a écrit un livre sur sa vie d'Animateur de fête.
Ces pages sont publiques. Il s'agit du livre "Jean Robert,
animateur en Vendée et partout ailleurs.. à part ça
vous faites quoi ? "- aux éditions OFFSET 5 (2004).
Il raconte son expérience en Bretagne -6ème, 5ème
- puis sa vie à Chavagnes. Ça balance un peu comme me
le disait la personne qui m'a fait connaître ce livre. Les faits
les plus marquants semblent s'être déroulés en
Bretagne, mais il y a un petit couplet sur Chavagnes.
Je ne cite que de courts extraits, en l'absence d'autorisation explicite.
[.. page 40] Mes parents le contactèrent
en lui expliquant mon désir de devenir missionnaire. La roue
était lancée.
L'embrigadement a commencé, pour tous, vers nos dix ans, avec
des séances de catéchèse et la descente régulière
de l'abbé Arnaud. J'allais au catéchisme le jeudi. Nous
étions ébahis devant la vie des missionnaires. Nous
voulions cette vie-là.
- Je veux être un Saint! Je veux être un Saint!
- Tu veux être un Saint, mon enfant ? Il faut que tu en parles
à tes parents qui en parleront au curé.
On ne peut pas savoir quel est le désir profond d'un gamin
de onze ans... Mais, à cette époque, quand il avait
montré le moindre sentiment favorable à la prêtrise,
on le prenait et on l'enfermait . tout de suite dans un établissement
spécialisé appelé séminaire, pour pouvoir
le diriger facilement. J'en ai beaucoup souffert. C'était un
embrigadement au détriment de nos parents. Ce n'était
pas un enlèvement mais presque... c'est à la limite
! Tout était inhumain : nous rentrions à l'école
à onze ans et demi en septembre avec une première sortie
en décembre pour les vacances de Noël et attendions les
prochaines vacances de Pâques avant les grandes vacances. Nous
étions perturbés. Je l'ai été. [...]
J'ai très rapidement été confronté à
une protection rapprochée, voire trop rapprochée de
certains curés... Et encore, j'ai eu de la chance par rapport
à certains copains parce que j'étais le petit-neveu
du supérieur[..]
[..page 42] Cela pourrait paraître normal
sauf qu'un garçon grandit et la nature des gestes change...
J'ai eu de la chance d'être le petit-neveu du supérieur
! Ce manque d'affection maternelle et paternelle dans un univers malsain
a dû me rendre turbulent au possible, impossible à vivre.
Je n'en ai jamais parlé à la maison.
Ils ont voulu remplacer nos parents, ce que je ne puis toujours pas
accepter. On ne peut remplacer un père, une mère même
si parfois ils arrivent à nous les faire oublier. Il faut tenir
bon. Si à l'époque, on avait voulu dire à nos
parents ce qui se passait, nous nous serions pris des baffes car c'était
inconcevable ! Il faut se rendre compte des mentalités d'alors,
bien des années après... Mais, comme tous
mes copains que j'ai revus, nous ne pouvions pas en parler. On ne
nous aurait pas cru.
[.. page 48] Je suis envoyé à Chavagnes-en-Paillers
à quatorze ans, où je redoublerai encore une quatrième...
J'ai pris mon temps dans ma scolarité ! A Chavagnes, j'ai côtoyé
beaucoup de curés vendéens connus sur la place publique,
curés que je croise encore dans les rues, dans des communes...
Des images me reviennent en tête [...]. J'ai mal... tellement
mal que j'aurais envie d'y mettre un "poing" final !
[...]
Le reste du livre et la quatrième de couverture montrent que
Jean Robert est devenu un " animateur, présentateur, mais
aussi un collaborateur et organisateur avec pour seul souci : la réussite
totale. Il est à l'aise dans toutes les situations". Donc
ça va pour lui, mais les questions posées sont terribles.
Enfin dans la rubrique "C'est pire ailleurs" ou dans la
rubrique "C'est encore vrai aujourd'hui", tapez dans google
les trois mots "séminariste Vienne autriche".
(juillet 2004) Scandale sexuel en Autriche : le Vatican enquête...
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