Inédit : le véritable règlement | plan du site | quelques photos | |
La phrase du jour : " Qui regulae vivit, Deo vivit" (extrait du réglement) |
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Les commentaires d'un sociologue sur l'organisation de l'espace et sur son influence au quotidien.L'espace du séminaire se présente comme un espace religieux, à la fois séparé et doté d'une structure particulière. Situé en plein coeur du Bocage vendéen z, le petit séminaire est construit sur le modèle d'un monastère. Entourés de hauts murs, les bâtiments principaux, en forme de U, rappellent l'architecture du cloître ; bordés par une véranda faisant office de péristyle, ils enferment une cour intérieure d'où l'on n'aperçoit pratiquement que des édifices religieux. Pour qui regarde vers l'extérieur, le champ de vision se trouve limité sur la gauche par la chapelle, de face par la « petite chapelle » dédiée à la Vierge et par la statue de Notre-Dame du Sceptre à qui l'institution rend un culte en arrière-plan par la flèche de l'église paroissiale. Le séminaire et un monde clos qui, au premier regard, s'impose comme un univers religieux. A cette structuration de l'espace, correspond une manière particulière de l'utiliser par laquelle le caractère religieux de l'institution va s'imposer, à leur insu, aux élèves. Par exemple, pour quitter le territoire du séminaire, il y a différents seuils à franchir et la configuration des lieux indique, sans équivoque, que leur intensité religieuse s'estompe à mesure que l'on approche de la sortie. Il faut tout d'abord passer la « grille » qui, reliant la « petite chapelle » à la statue de Notre-Dame, constitue une limite fortement chargée de significations religieuses. On traverse ensuite l'espace situé entre la grille et le portail, sur lequel donnent le parloir et la porterie et qui forme une zone intermédiaire, participant à la fois du dedans et du dehors, où des rencontres strictement contrôlées avec les personnes extérieures peuvent se déroulera. D'autre part, la manière de franchir l'enceinte du séminaire - surtout quand le passage s'opère collectivement - et fortement ritualisée. Lorsque la communauté tout entière déserte l'institution, comme pour le temps de la promenade, cela ne peut se faire sans qu'une prière soit au préalable chantée devant la statue de la Vierge. « Avant le départ en promenade, les élèves se réunissent au pied de la statue de la Sainte-Vierge , dans la cour, et chantent le Sub tuum pour demander à leur Mère sa protection... Ensuite, ils se mettent en rangs, trois par trois, et partent au signal donné». Ainsi marquée par des prescriptions religieuses, la séparation entre le séminaire et le «monde ordinaire» se trouve renforcée et s'impose avec force non seulement aux élèves - la sanction rituelle vient alors s'ajouter à la sanction disciplinaire - mais aussi à toute personne « étrangère » à l'institution (prêtres exceptés) qui, parce que profane, n'a pas à s'introduire, même symboliquement (comme par le regard), dans l'espace du séminaire. D'après le règlement, ni les familles ni les « étrangers » ne peuvent traverser les cours intérieures et il leur est même interdit de stationner devant les grilles pour observer le comportement des élèves. Dans ces conditions, il suffit de vivre quotidiennement sur un territoire aussi structuré religieusement, de jouer sur une cour «interdite» à toute personne extérieure, de ne jamais pouvoir s'aventurer sans permission ou sans avoir satisfait aux rites prescrits au-delà de la grille, de travailler et dormir dans un environnement qui ne « parle » que religieux, etc., pour se sentir «séparé», «tout autre», en un mot marqué religieusement.Charles Suaud page 80 -( avec l'autorisation de l'auteur pour de courts extraits non caricaturaux)
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accès au haut de cette page | dernière mise à jour le 10 mars 2024 | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||