De la fondation par le Père Baudoin : son arrivée à Chavagnes.
Le 31 juillet 1801 un prêtre, jeune encore, se dirigeait à pied vers Chavagnes-en-Paillers. A peine sur le territoire de la paroisse, il s'arrêta, fit un geste de bénédiction et ontinua sa route dans un profond recueillement. Loin de le distraire, les ruines noircies, accumulées par les colonnes infernales le long du chemin, le faisaient songer aux uines morales, combien plus nombreuses encore, causées par la Révolution.
Arrivé au bourg, il marcha droit sur l'église, une pauvre église saccagée maintes fois et rafistolée tant bien que mal par les bonnes volontés. Avant d'en franchir le seuil, il se prosterna quelques minutes, puis s'étant avancé jusqu'au sanctuaire, s'absorba dans une ardente prière, baisa la terre avec humilité et se releva, plein de confiance et de courage.
Ce prêtre était M. Louis-Marie Baudouin, le nouveau curé de Chavagnes.
Né à Montaigu, le 2 août 1765, Louis-Marie Baudouin était le dernier des huit enfants d'un pauvre jardinier; il attira vite l'attention du clergé de sa paroisse par sa piété et son intelligence. Après de brillantes études au collège de sa ville natale, il fut admis au grand séminaire de Luçon en octobre 1782. Ses professeurs ne tardèrent pas à l'apprécier. En témoignage de leur estime, ils lui accordèrent unanimement le « prix de mérite ». Ce prix consistait en une pension accordée au séminariste qui donnait le plus de satisfaction.
Tiraillé par deux ambitions apparemment contradictoires, entre le zèle de l'apôtre et la contemplation du mystique, le jeune séminariste hésitait entre la Chartreuse et les missions. Après quelques « escapades » dans l'un et l'autre sens, il se résolut à suivre tout simplement le « fil de la Providence ». En l'absence de Mgr de Mercy, évêque de Luçon, représentant son diocèse aux Etats Généraux, M. Baudouin fut ordonné prêtre le 19 septembre 1789, à Saint-Malo, par Mgr. Cortois de Pressigny, et, à son retour, nommé vicaire de son frère à Luçon.
C'est là qu'il déployait son zèle quand parut le décret obligeant tous les prêtres au serment de fidélité à la Constitution civile du Clergé. Comme son frère, le jeune vicaire n'hésita pas un instant, il refusa ce serment: et accompagna son refus de protestations énergiques. Libéré après un séjour de 7 mois à la prison de Fontenay-le-Comte, il dût s'exiler en Espagne en septembre 1792.